Ferdy et la spiritualité profonde de notre univers
Le nouvelliste, 12 avril 2012
A travers « La libation sacrée du vodu haïtien », l'artiste pluridisciplinaire, écrivain, chanteuse, Ferdy Ajax, signe un portrait fidèle de nos pratiques quotidiennes.
Haïti: Le vaudou est trop important et trop présent chez nous, selon Ferdy Ajax, pour qu'il demeure un mystère. Cette artiste aux talents multiples a produit un texte de réflexion assez pragmatique, paru aux éditions ICES, dans lequel l'auteur place le vaudou, transporté en Haïti par des Africains déracinés de leur terre par la traite des Noirs, comme une force intérieure qui demeure en chacun de nous.
Ce livre qu'elle vient de publier tente d'expliquer, d'analyser le vaudou comme véritable culte religieux, sa symbolique comme essence de nos pratiques traditionnelles et coutumières. « La libation du vodu haïtien » essaie de démontrer un aspect peu étudié, ou tout moins refusé, du vaudou. « Il est si loin le temps où l'homme avait des liens privilégiés avec la nature. Ce temps est quasiment révolu et l'homme est perdu. [...] L'homme cherche des moyens superficiels d'approcher Dieu. Il oublie que ce Dieu est avec lui et est en lui », lit-on dans l'avant-propos du dernier livre de la native de Port-au-Prince, publié en2006.
Le vaudou haïtien est basé sur une lignée de dieux, selon l'auteur. Leurs relations mutuelles, leurs fonctions, leurs classifications, ainsi que le mélange de rites (rada, pétro, congo, nago, ibo, zandor, etc.), de l'écriture sacrée (vèvè) et de symboles (à la fois mi-religieux, mi-animiste) jouent un rôle assez important dans nos pratiques quotidiennes. A ceux-là s'ajoutent des cultes des indiens et autres curiosités mystiques, acquis lors de la traite des Noirs, qui sont perçus comme des vertus médicinales et protectrices.
En s'éloignant, il perd tout contact avec la nature et devient mécanique. « Autrefois l'homme entretenait des relations profondes avec la nature, dialoguait avec les esprits pour qu'ils lui servent de guide[...]. Mais l'homme moderne de lui-même [...] s'est coupé, de ce fait, de la puissance naturelle et spirituelle des esprits protecteurs qui l'entourent », a écrit l'auteur, qui a réalisé un ouvrage susceptible d'appréhender nos moindres gestes traditionnels. C'est également un livre-témoin qui met en relief ces signes de vie que l'on rencontre partout sans forcément faire le lien avec le sacré, le spirituel, l'Afrique, la Caraïbe, les divinités ...
Ferly Ajax est un écrivain voyageur, aventurier. Orpheline depuis son enfance, ses proches l'ont emmenée à Paris, et ses pérégrinations l'ont menée un peu partout dans le monde, aux Etats-Unis, aux Antilles, en Europe ou encore en Afrique. De ses voyages, Ferly Ajax a saupoudré sa production littéraire inspirée quasiment de son pays natal, par exemple, « Au paradis des ténèbres », « Au nom de la liberté » recueil de poèmes dédié à l'honneur des héros noirs, notamment Toussaint Louverture, Aimé Césaire, etc. Peu à peu, l'écriture de cette native d'Haïti capable de maîtriser plusieurs types d'expressions artistiques se diversifie. Présentement, l'écrivain se met à écrire des ouvrages sociologiques consacrés aux pratiques vaudou, etc.
Angie Marie Beeline Joseph
[email protected]
[email protected]
A travers « La libation sacrée du vodu haïtien », l'artiste pluridisciplinaire, écrivain, chanteuse, Ferdy Ajax, signe un portrait fidèle de nos pratiques quotidiennes.
Haïti: Le vaudou est trop important et trop présent chez nous, selon Ferdy Ajax, pour qu'il demeure un mystère. Cette artiste aux talents multiples a produit un texte de réflexion assez pragmatique, paru aux éditions ICES, dans lequel l'auteur place le vaudou, transporté en Haïti par des Africains déracinés de leur terre par la traite des Noirs, comme une force intérieure qui demeure en chacun de nous.
Ce livre qu'elle vient de publier tente d'expliquer, d'analyser le vaudou comme véritable culte religieux, sa symbolique comme essence de nos pratiques traditionnelles et coutumières. « La libation du vodu haïtien » essaie de démontrer un aspect peu étudié, ou tout moins refusé, du vaudou. « Il est si loin le temps où l'homme avait des liens privilégiés avec la nature. Ce temps est quasiment révolu et l'homme est perdu. [...] L'homme cherche des moyens superficiels d'approcher Dieu. Il oublie que ce Dieu est avec lui et est en lui », lit-on dans l'avant-propos du dernier livre de la native de Port-au-Prince, publié en2006.
Le vaudou haïtien est basé sur une lignée de dieux, selon l'auteur. Leurs relations mutuelles, leurs fonctions, leurs classifications, ainsi que le mélange de rites (rada, pétro, congo, nago, ibo, zandor, etc.), de l'écriture sacrée (vèvè) et de symboles (à la fois mi-religieux, mi-animiste) jouent un rôle assez important dans nos pratiques quotidiennes. A ceux-là s'ajoutent des cultes des indiens et autres curiosités mystiques, acquis lors de la traite des Noirs, qui sont perçus comme des vertus médicinales et protectrices.
En s'éloignant, il perd tout contact avec la nature et devient mécanique. « Autrefois l'homme entretenait des relations profondes avec la nature, dialoguait avec les esprits pour qu'ils lui servent de guide[...]. Mais l'homme moderne de lui-même [...] s'est coupé, de ce fait, de la puissance naturelle et spirituelle des esprits protecteurs qui l'entourent », a écrit l'auteur, qui a réalisé un ouvrage susceptible d'appréhender nos moindres gestes traditionnels. C'est également un livre-témoin qui met en relief ces signes de vie que l'on rencontre partout sans forcément faire le lien avec le sacré, le spirituel, l'Afrique, la Caraïbe, les divinités ...
Ferly Ajax est un écrivain voyageur, aventurier. Orpheline depuis son enfance, ses proches l'ont emmenée à Paris, et ses pérégrinations l'ont menée un peu partout dans le monde, aux Etats-Unis, aux Antilles, en Europe ou encore en Afrique. De ses voyages, Ferly Ajax a saupoudré sa production littéraire inspirée quasiment de son pays natal, par exemple, « Au paradis des ténèbres », « Au nom de la liberté » recueil de poèmes dédié à l'honneur des héros noirs, notamment Toussaint Louverture, Aimé Césaire, etc. Peu à peu, l'écriture de cette native d'Haïti capable de maîtriser plusieurs types d'expressions artistiques se diversifie. Présentement, l'écrivain se met à écrire des ouvrages sociologiques consacrés aux pratiques vaudou, etc.
Angie Marie Beeline Joseph
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Découvrez la voix de Ferdy, sur RFI
Femmes créoles avec AMINA LE MAGAZINE DE LA FEMME
Le vaudou est chose Sérieuse. Et mérite explication. “La libération sacrée du vaudou haïtien" de Ferdy Ajax vient combler ce vide. Un texte de réflexion dans lequel l’auteur aborde la culture religieuse en la remplaçant dans d’autres champs.
Passeuse, diseuse de mots, sculptrice, poétesse musicienne, vous publiez aujourd’hui “La libation sacrée du vaudou haïtien" un ouvrage de réflexion dans lequel vous définissez le Vaudou et dont vous êtes un peu le guide ?
Oui parce que lorsqu’on est jeune, qu’on vit en Haïti, le vaudou, qui est l’un de nos vecteurs patrimoniaux, est interdit. Nos parents nous dirigent vers la chrétienté. Nous sommes évangélisés. Mais mon passage chez les bonnes soeurs ne m’a pas empêchée d’avoir une réflexion sur le vaudou, tout simplement déjà par curiosité. J’ai pu découvrir ce que l’on considérait comme une religion interdite.
Interdit, pourtant beaucoup d’Haïtiens le considèrent comme une pratique religieuse cohérente ?
Bien sûr que c’est cohérent car le sacré du vaudou rend pur. Le mal est acheté parce que l’on a du pouvoir, mais il faut juste regarder le côté merveilleux de la chose. Nous avons, par exemple, une relation privilégiée avec la nature. Il y a un côté écologique. C’est cela le combat car lorsqu’on est en harmonie avec la nature, on est pur.
Pour vous, vaudou égale écologie ?
Il y a une grande similitude. Toutes les forces du vaudou se trouvent dans la nature.
Vaudou magie, dit-on, quel rapport avec le christianisme ?
Un grand rapport. Regardez le Vévé qui est sur la couverture de mon livre, on le retrouve sur les vitraux des églises, sur les balcons, sur des tatouages.
Quel est le cadre social, culturel et rituel même du vaudou ?
Par rapport au vaudou ancestral, quand je parle par exemple des zombis, ce n’est pas Haïti qui a crée “le zombitisrne" mais les nègres bossals. Ce sont des pratiques métaphysiques qui viennent de l’esclavage. Endormir un homme, le réveiller, le mettre en servitude, ce sont des pratiques que l’on a ajouté dans le vaudou haïtien.
Ce sont des certitudes que vous évoquez ?
En tous cas des similitudes.
A travers le vaudou, ne faut-il pas voir une grande partie de la souffrance du peuple haïtien ?
Non, c’est au contraire quelque chose de libérateur. Lorsqu’on entend une chanson du folklore vaudou, c’est libérateur.
Vous en parlez comme d’un folklore mais les puristes disent qu’il ne faut pas en parler comme tel ?
0 ! Lorsqu’il y a synchronisation, on danse, on n’est pas toujours pur, il peut y avoir un côté très très très fantaisiste. C’est du folklore justement.
On en a parlé comme d’un émerveillement et comme d’une place capitale dans la possession de la modernité ?
La transition, la transportation des âmes, des esprits en rapport avec la nature est là.
Quel est le poids économique du vaudou ?
Mais il n’a rien à voir avec le matérialisme.
On dit qu’il est pratiqué par des populations pauvres qui lui prennent beaucoup d’argent ?
Foutaise. C’est à la portée de tout le monde. Personne ne doit avoir honte de son être. De son moi profond.
Mais vous éludez ma question ?
Le vaudou n’a pas de poids économique. Le vaudouisant vit avec la nature, avec Dieu. Dieu a-t-il un prix?
Il reste quand même quelque chose de mystérieux ?
Oui, c’est vrai. Parce que sa pratique est personnelle et ce que je peux ressentir, vous ne le ressentez pas.
Jean-Jacques Seymour (03/08)
Passeuse, diseuse de mots, sculptrice, poétesse musicienne, vous publiez aujourd’hui “La libation sacrée du vaudou haïtien" un ouvrage de réflexion dans lequel vous définissez le Vaudou et dont vous êtes un peu le guide ?
Oui parce que lorsqu’on est jeune, qu’on vit en Haïti, le vaudou, qui est l’un de nos vecteurs patrimoniaux, est interdit. Nos parents nous dirigent vers la chrétienté. Nous sommes évangélisés. Mais mon passage chez les bonnes soeurs ne m’a pas empêchée d’avoir une réflexion sur le vaudou, tout simplement déjà par curiosité. J’ai pu découvrir ce que l’on considérait comme une religion interdite.
Interdit, pourtant beaucoup d’Haïtiens le considèrent comme une pratique religieuse cohérente ?
Bien sûr que c’est cohérent car le sacré du vaudou rend pur. Le mal est acheté parce que l’on a du pouvoir, mais il faut juste regarder le côté merveilleux de la chose. Nous avons, par exemple, une relation privilégiée avec la nature. Il y a un côté écologique. C’est cela le combat car lorsqu’on est en harmonie avec la nature, on est pur.
Pour vous, vaudou égale écologie ?
Il y a une grande similitude. Toutes les forces du vaudou se trouvent dans la nature.
Vaudou magie, dit-on, quel rapport avec le christianisme ?
Un grand rapport. Regardez le Vévé qui est sur la couverture de mon livre, on le retrouve sur les vitraux des églises, sur les balcons, sur des tatouages.
Quel est le cadre social, culturel et rituel même du vaudou ?
Par rapport au vaudou ancestral, quand je parle par exemple des zombis, ce n’est pas Haïti qui a crée “le zombitisrne" mais les nègres bossals. Ce sont des pratiques métaphysiques qui viennent de l’esclavage. Endormir un homme, le réveiller, le mettre en servitude, ce sont des pratiques que l’on a ajouté dans le vaudou haïtien.
Ce sont des certitudes que vous évoquez ?
En tous cas des similitudes.
A travers le vaudou, ne faut-il pas voir une grande partie de la souffrance du peuple haïtien ?
Non, c’est au contraire quelque chose de libérateur. Lorsqu’on entend une chanson du folklore vaudou, c’est libérateur.
Vous en parlez comme d’un folklore mais les puristes disent qu’il ne faut pas en parler comme tel ?
0 ! Lorsqu’il y a synchronisation, on danse, on n’est pas toujours pur, il peut y avoir un côté très très très fantaisiste. C’est du folklore justement.
On en a parlé comme d’un émerveillement et comme d’une place capitale dans la possession de la modernité ?
La transition, la transportation des âmes, des esprits en rapport avec la nature est là.
Quel est le poids économique du vaudou ?
Mais il n’a rien à voir avec le matérialisme.
On dit qu’il est pratiqué par des populations pauvres qui lui prennent beaucoup d’argent ?
Foutaise. C’est à la portée de tout le monde. Personne ne doit avoir honte de son être. De son moi profond.
Mais vous éludez ma question ?
Le vaudou n’a pas de poids économique. Le vaudouisant vit avec la nature, avec Dieu. Dieu a-t-il un prix?
Il reste quand même quelque chose de mystérieux ?
Oui, c’est vrai. Parce que sa pratique est personnelle et ce que je peux ressentir, vous ne le ressentez pas.
Jean-Jacques Seymour (03/08)